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Sous forme de blog, la patiente construction d'un site de ressources sur Mike Oldfield, entrecoupée de points de vues personnels.

Chronique : Hergest Ridge (1974)

Mike Oldfield a à peine plus de vingt ans quand il devient subitement riche et célèbre grâce au succès colossal de l'album "Tubular Bells" en 1973. Personnalité timide et introvertie, limite maladive, il cherche alors à échapper aux pressions et aux sollicitations qu'entraînent son succès. Il achète avec les premiers revenus de "Tubular Bells" une maison isolée à la campagne sur une colline escarpée dans l'ouest de l'Angleterre (en Herefordshire, à la frontière du Pays de Galles) et ce, près d'une crête nommée "Hergest Ridge"...


C'est là qu'il compose un album beaucoup plus pastoral et moins âpre que le premier, au grand désespoir de Richard Branson (patron de Virgin) qui attendait un "Tubular Bells 2"... "Hergest Ridge", enregistré durant le printemps 1974, sort le 28 août de la même année pour aller rejoindre... "Tubular Bells" ! dans le peloton de tête des charts anglais...



Avant de vous décrire le contenu musical de l'album, je dois préciser que la version qui est disponible aujourd'hui en CD est assez subtilement différente de celle parue en 1974.


En effet, après ses trois premiers albums ("Tubular Bells", "Hergest Ridge" et "Ommadawn"), Mike Oldfield sort en 1976 un coffret intitulé "Boxed" qui regroupe ces trois enregistrements remixés en quadriphonie. Des trois, c'est "Hergest Ridge" qui est le plus révisé : Mike supprime un grand nombre de parties instrumentales (souvent des arrangements, mais parfois des mélodies qui étaient mixées en avant) pour en faire un album beaucoup plus sobre. Il est alors tellement satisfait du résultat qu'il décide de conserver cet enregistrement pour tous les pressages futurs d' "Hergest Ridge". Tous les CDs et tous les vinyles parus après 1976 contiennent donc la version remixée. Seuls les vinyles d'avant 1976 contiennent la version "originale", que les fans s'échangent sur internet...


La structure de l'oeuvre et certaines parties sont néanmoins inchangées. "Hergest Ridge" est constitué de deux parties (ère du vinyle oblige...), une "Part one" de 21'40 et une "Part two" de 18'51.


Hergest Ridge est un enregistrement beaucoup plus calme et serein que Tubular Bells. Mike Oldfield avait alors décrit "Tubular Bells" comme un album décrivant la ville, tandis qu'"Hergest Ridge" décrirait la campagne, la nature. Alors que dans Tubular Bells, des thèmes tantôt violents tantôt inquiétants s'enchaînent sans cesse, parfois brutalement, Hergest Ridge propose des morceaux calmes exposés tranquillement et aux transitions délicates. Au total, l'album contient beaucoup moins de thèmes différents et ceux-ci sont repris et déclinés à des humeurs variées à différents endroits du disque. L'oeuvre y gagne en homogénéïté ! Son caractère de "symphonie rock" est en outre renforcé par la contribution d'un trompettiste et de deux hautboïstes, la quasi-totalité des instruments restant étant, une fois encore, interprétés par ce multi-instrumentiste prodige qu'est Mike Oldfield.


La première partie contient en gros trois "mouvements"
- Les 8 premières minutes sont une introduction progressive très planante : une flute aigüe insinue une mélodie mystérieuse puis un orgue et des guitares installent un arpège mélodique construit sur une gamme ascendante de trois notes. D'accompagnement, ce motif devient le thème principal et hypnotise à force d'être répété. Et, par dessus, Mike Oldfield construit encore un de ces crescendos virtuoses à la guitare dont lui seul à le secret ! (Cette intro est assez différente dans la version originale de 1974).
La deuxième partie, plus courte (dans les 4 à 5 mn) est un échange mélancolique entre une trompette, un haut-bois et une guitare électrique qui s'enfle pour finir en un grondement de guitares doublé d'une avalanche de cloches tubulaires.
La dernière partie, que connaissent les possesseurs de la compilation "The Complete Mike Oldfield" commence par une mélodie sereine où s'illustrent la mandoline et (toujours) la guitare électrique ! Elle est relayée par un choeur paisible qui monte en puissance alors que les cloches tubulaires sonnent de nouveau, puis meurt dans ce même solo de flute qui avait ouvert cette première partie...


La deuxième partie est plus inégale. Le début est tout à fait paisible : une mélodie reposante avec différents orgues sur fond de guitare accoustique nous emmène vers une partie chantée accompagnée par un ensemble mandoline/flute/guitare électrique. Une reprise de l'intro planante de la première partie (la gamme de trois notes à la basse) aboutit ensuite au passage du disque qui fait débat chez les auditeurs : une transition inquiétante (guitares puis orgues) nous mène dans ce que les fans nomment la "Martian thunderstorm" ou "Electronic thunderstorm", un morceau à part dans l'album où Mike mêlant des guitares (la légende dit qu'il y en a 90 superposées...) et des orgues devient comme enragé pendant 8 minutes ! La faiblesse (pour ses détracteurs) de ce passage tient au fait qu'il est très répétitif (défaut que n'avait pas la version de 1974 qui conetnait également des voix). Quoi qu'il en soit, ce moment de folie s'arrête subitement pour faire place à un passage doux et tendre puis à une reprise plus intense du chant entendu plus tôt par la voix chaude et puissante de Clodagh Simmonds... Cette fresque pastorale s'achève tout tranquillement sur quelques notes de guitares accoustique...


Les fans de Mike Oldfield nomment en général les trois premiers albums de Mike Oldfield ("Tubular Bells", 1973 - "Hergest Ridge", 1974 - "Ommadawn", 1975) la "Trilogie Sacrée". Comme les deux autres, cet album propose un foisonnement de thèmes plus ou moins tourmentés, avec de riches ornementations virtuoses à la guitare électrique et des crescendos multiples (les anglais parlent de "climaxes", qui est aussi un synonyme d'orgasme...) qui mènent, via des transitions subtiles à d'autres thèmes qui explosent à leur tour...


Ce disque a, en commun avec "Tubular Bells", un son très années 70, du fait de l'absence de synthétiseurs et du recours systématique aux orgues pour les claviers. Il est par contre, le premier où, véritablement, le son de la guitare électrique de Mike Oldfield acquiert cette sonorité un peu nasillarde qui sera une des marques de fabrique de Mike Oldfield dans tous ses albums suivants. Dans les aigüs, cette guitare évoque quelque cri presque humain... Et ceux qui connaissent bien la musique d'Oldfield vous le diront sans doute : le guitariste britannique, qui a une authentique voix de crapaud enrhumé, chante avec sa guitare.

 

[Les images : en bas, la pochette de l'album 33 tours, en haut, la pochette CD, avce un lettrage beaucoup plus épais]

Ma cotation de cet album : 9/10

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Y
Salut Nicolas. Toujours en vie?<br /> J'ai trouvé une autre petite erreur dans ton article: tu dis que "tous les vinyles après 1976 ont le remix" et "seuls les vinyles d'avant 1976 ont le mix original".<br /> Je suis en pleine analyse de cet album et j'ai découvert que si tous les cds ont le remix, seuls quelques rares vinyles l'ont. 90% des vinyles ont le mix original...même après 1976. Je possède environ une dizaine de HR lps et aucuns n'avaient le remix. J'ai dû batailler pour en trouver un. <br /> J'ai trouvé que 3 labels avaient le remix: UK OVED163, USA 1-90590 et France 2933714.<br /> Il y en certainement d'autres, mais ceux-là j'en suis sûr...je les ai écoutés! :D<br /> Meilleures salutations des Alpes<br /> Yannick
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Y
<br /> Salut Nicolas.<br /> <br /> <br /> Je pense qu'il y a une petite erreur dans ton texte concernant les charts. Hergest Ridge n'a pas détrôné Tubular Bells, puisque TB n'était pas no 1 quand HR a pris cette place.<br /> <br /> <br /> Le 7 septembre 1974, TB était no2. Le 14 septembre, HR est entré à la première place et TB est resté no2 (le numéro 1 est passé no3). Le 5 octobre, soit 3 semaines plus tard, TB passe no1. En<br /> résumé, c'est TB qui a détrôné HR!<br /> <br /> <br /> Tu peux vérifier ça ici: http://www.officialcharts.com/archive-chart/_/3/1974/<br /> <br /> <br /> Tout de bon<br /> <br /> <br /> Yannick<br />
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N
<br /> <br /> AH oui bien vu, en fait la sortie de HR a fait remonter TB dans les charts ! <br /> <br /> <br /> <br />
A
hello Nicolas, je t'ai mis en lien en bas d'article sur un papier relatif à Hergest Ridge sur mon blog :http://chroniknroll.over-blog.com/article-17366421.html
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J
J'ai découvert récemment sur Internet la version originale du vinyl(pour yanlogo ou d'autres, il suffit de rechercher "hergest ridge original mix" - avec les guillemets - dans Google et de suivre, par exemple, Arrian... ;-)) C'est vrai qu'elle est très différente, beaucoup moins "lisse" (même si j'aime aussi la version "lisse"). A part à la fin de la 1ère partie, les choeurs sont plus en arrière-plan, ce que je trouve mieux, et effectivement, la "tempête électronique" de la 2ème partie est beaucoup plus riche et moins ennuyeuse que pour la version CD.Du coup, avec la version originale du vinyl, la version actuelle du CD et la version orchestrale, cela fait trois versions différentes de Hergest Ridge, toutes que j'aime beaucoup et apprécie également, chacune ayant son style propre. Quel pied !
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M
J'ai remarqué que beaucoup de gens vouent un culte a Hergest Ridge,il suffit de taper le titre sur le moteur de recherche Google pour le constater,nombreux sites et blogs lui sont dédiés.
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