Voici le premier article qui nous renseigne sur l'état d'esprit de Mike Oldfield depuis son installation à Majorque. C'est bien loin d'être rassurant. Ce n'est cependant pas le premier coup de déprime post-partum de Mike, après un gros travail.
J'ai déménagé à Majorque parce que la Grande-Bretagne d'aujourd'hui est bien trop pénible (même pour moi) Par Richard Holledge
Publié dans le
Mail On Sunday du Dimanche 13 janvier 2008.
Traduit par ND
Mike Oldfield, le mystique musical qui a eu ses périodes de tourmente pendant ses trente ans de carrière de musicien à succès, semble avoir enfin trouvé un peu de paix intérieure.
Il sirote son café et roule avec satisfaction une cigarette pendant qu’il regarde par dessus la Marina, à Palma, Majorque, l’île qui est maintenant devenue sa résidence permanente.
« L’essentiel est de pouvoir vivre sans cette horrible énergie de travail » dit le créateur de Tubular Bells, l’instrumental épique qui s’est abattu comme une tempête sur les charts il y a 35 ans et qui a vendu depuis plus de huit millions d’exemplaires.
« J’ai passé des années dans des studios d’enregistrement à essayer de créer la chose parfaite – tout le temps pressé dit il, en décrivant la dur labeur de son dernier album
Music of the Spheres, qui va sortir en mars. J’en ai assez. »
Il a en eu de même assez de la Grande-Bretagne et a troqué Old Down House à Tockington, Gloucestershire avec 54 acres, contre une villa avec 5 chambres dans la campagne de Majorque et un yacht de 70 pieds amarré dans les environs de Palma.
« Je suis le plus heureux dans mon canot, sortant comme je le veux dans la baie avec rien d’autre autour de moi que les vagues. Je stoppe le moteur et respire le calme. C’est un sentiment que je n’ai jamais connu avant », dit Oldfield, qui a travaillé comme bassiste dans Hair, la comédie musicale des années soixante, pendant qu’il couvait son rêve de lancer une carrière qui lui a rapporté 15 millions de Livre.
Une rencontre chanceuse avec Richard Branson lui a apporté non seulement un contrat, mais a également lancé Virgin, la maison de disques de l’entrepreneur.
Ca a également permis à Oldfield de connaître les Iles Baléares, où les Branson ont des liens familiaux – la mère de Richard, Eve, était une agent immobilier pionnière dans les années cinquante.

Oldfield, 54 ans, est un personnage agité, avec deux mariages –dont l’un n’a duré qu’un mois avec le chef d’une thérapie de groupe qu’il avait suivi pour accroître sa confiance en lui – et deux relations durables qui ont donné vie à cinq enfants. Aujourd’hui, avec sa seconde épouse d’origine française, Fanny, son fils de trois ans Jake et un bébé en route, le troubadour a acheté sa quatrième maison en moins de dix ans.
Il a vendu sa maison du Gloucestershire pour près de 3,5 millions de Livre, une plus value confortable puisqu’il l’avait acheté pour 2,1 millions deux ans plus tôt.
« Sachant que le marché se tassait, c’était un bon prix », dit il. « J’avais construit une piscine couverte et une véranda ainsi que mon studio mais il y restait du travail à faire. »
Autant que pour s'y rafraîchir, la famille va utiliser le yacht pour se rendre dans l’appartement qu’ils louent à Monaco comme résidence d’hiver. Oldfield cite plusieurs raisons pour avoir quitté la Grande Bretagne, notamment l’affreux été de l’an dernier.
« J’étais sur la M5 à Birmingham », se rappelle t-il. « La pluie s’abattait si fort qu'on se croyait dans les rapides du Colorado. Si je n’était pas sorti de l’autoroute, j’aurai été bloqué là toute la nuit. Il m'a fallu cinq heures pour rentrer à la maison. »
« J’ai discuté avec ma femme et dit : tu sais, nous ne sommes pas obligé de vivre ici, nous pouvons aller autre part. J’avais expérimenté la vie à Ibiza pendant les années quatre-vingt-dix et j’ai pensé que je pourrais faire quelque chose de nouveau comme ça, et nous avons ainsi décidé de venir ici pour démarrer une nouvelle vie. »
En l’espace de quelques jours, la famille avec son épagneul Fluff et ses deux chevaux était en route. « Nous avons trouvé cet endroit magnifique dans les plaines à vingt minutes de Palma quasiment tout de suite, » dit il. « Ce n’est pas encore fini. Il n’y a pas d’électricité, donc nous avons un générateur ce qui implique que, tous les trois jours, je charge la voiture avec des bidons de diesel. »
« L’eau arrive dans un réservoir et nous utilisons l’eau de pluie des gouttières pour le jardin. Le propriétaire précédent avait réalisé un puits, mais nous n’avons pas assez d’électricité pour alimenter la pompe. »
« Le confort de la vie me manque quand même. Quand il n’y a pas d’électricité, vous vous sentez perdu. Je ne peux pas regarder la télévision, rien ne marche. Un jour ou l'autre les réseaux seront installés mais ça va prendre quelque temps. »
La maison, qui a été constuite il y a deux ans et était sur le marché pour 1,9 millions, a cinq chambres, deux salles de séjour principales et une grande cuisine / salle à manger. Un grand patio ombragé surplombe la piscine et traverse le jardin jusqu’aux écuries. Le studio d’Oldfield est au rez-de-chaussée avec, empilées dehors, des piles de boîtes pleines de câbles et équipements inutiles.
« Tout ce dont vous avez besoin maintenant est un portable, un clavier et une paire d’enceintes », dit l’homme qui a créé Tubular Bells en jouant 20 instruments lui-même et en utilisant 2000 bandes pour copier les pistes et en travaillant avec deux ingénieurs du son à temps plein.
La nouvelle maison illustre une tendance dans les propriété de Majorque, où les acquéreurs sont obligés de chercher dans les terres, grâce à un moratoire d’octobre dernier sur la construction côtière. Il a également acheté sur un marché solide où les prix se sont accalmi à 10% après avoir doublé en cinq ans en 2006.
La maison se situe au bout d'un mile d’une route à orniéres de poussière rouge avec une vue sur les montagnes enneigées du Nord. « On se sent vraiment en Espagne ici », dit-il « en particulier quand les touristes sont partis. J’ai trois motos et j’aime rouler en dehors des routes, explorer la campagne où il y a de charmants villages, tous avec une église et un restaurant avec de la cuisine espagnole vraiment bonne. »
La seule chose qui dérange la tranquillité est le souffle du générateur, et il passe donc la plupart de son temps sur son bateau qu’il utilise comme un bureau.
« J’ai appris comment piloter le yacht pour pouvoir partir pour Monaco, et quand le bébé sera né, nous partirons là-bas pour un mois ou deux car c’est un meilleur endroit pour l’hiver. »
Curieusement pour un homme qui a passé des mois dans la solitude à Hergest Ridge dans le Shropshire rural – ce qui lui a inspiré son deuxième album – il n’a pas aucun souhait de retourner à la maison.

« En Angleterre, il y a une sorte de linceul de nuages qui peut rester pendant des mois. C’est affreusement déprimant. Ca allait quand je travaillais et que je me plongeais dans le studio mais après ce dernier album je crois que j’ai n’ai plus du tout l'énergie pour travailler. »
« Alors ils ont interdits de fumer dans les pubs et c’était la goutte d'eau qui fait déborder le vase, » dit-il.
« L’Angleterre était un endroit différent pour grandir pendant les années cinquante, » dit-il. Nous jouions au football et au cricket dans les rues, c’était bien plus sûr. Nos héros étaient des gens comme des pilotes de spitfire, pas des footballeurs. Cette Grande-Bretagne est maintenant partie. La Grande-Bretagne est devenue plus violente. Mais ici, l’esplanade est bourrée d’ados espagnols tous les week ends, tous s'musent de faço, fabuleuse et je n'ai jamais entendu une sirène ni vu de la violence. »
Avec son nouvel album de musique classique terminé, Oldfield peut se détendre. Cela lui a pris neuf mois pour créer l’œuvre ce qui a nécessité 86 musiciens, dont le pianiste Lang Lang et la chenteuse Hayley Westenra. L’album a les tintinnabulements typiques d’Oldfield et a pour sujet l’ancienne théorie qui veut que tout corps céleste, le soleil, la lune et les étoiles ont leur musique intérieure.
Il dit : « je suis toujours capable de me mettre en mode de haute concentration, mais je trouve cela très fatigant. Maintenant, la chose la plus excitante qui nous arrive sont les allées et venues du berger local et ses 200 moutons. »
Plutôt un contraste avec sa période à Ibiza où il est passé par une « phase de clubbing » si incongrue qu’il l’a décrite comme s’il s'était « engagé à mi-chemin dans le couloir qui mène à la folie ».
« C’est agréable de se lever et de se sentir en forme et pas avec une terrible gueule de bois, sans regretter ce que vous avez pu faire la nuit d’avant. »
« Se coucher tôt et se lever tôt, voir le soleil se lever, c’est quelque chose de magnifique. Quand vous avez 54 ans, il ne reste qu’un nombre limité d’années devant vous et vous avez besoin de pouvoir en profiter.
Maintenant, ma vie consiste totalement dans le confort, porter des shorts, et se baigner de soleil. C’est si apaisant pour l’âme. »