Sous forme de blog, la patiente construction d'un site de ressources sur Mike Oldfield, entrecoupée de points de vues personnels.
Dans son édition du 22 juin 2003, le journal britannique S:2 (Sunday Express) consacre sa rubrique "Me and my record collection" à Mike Oldfield.
Entretien avec Chris Goodman. Traduction amateur : ND.
Mike Oldfield tâte affectueusement le vinyle qu’il vient de redécouvrir dans son grenier. Parmi des centaines, il a choisi ses 10 préférés, qui ont tous imprégné le chef d’œuvre qu’il a revisité maintenant pour la quatrième fois avec un ré-enregistrement complet pour Tubular Bells 2003. Oldfield a également donné des mentions spéciales à la symphonie n°5 de Mahler «un morceau de musique pour donner le cafard» ; Fairport Convention, «j’ai débuté en jouant de la musique folk», Wishbone Ash, «nous avons fait des tournées dans le circuit des collèges ensemble» ; et Robert Wyatt «du punk rock avec finesse». Ne vous attendez pas aux Sex Pistols…
1 GEORGE HARRISON All things must pass (1970)
Ca m’a aidé à traverser ma première et pire dépression autour de 1970/1971, quand j’avais 17 ans. J’étais dans le groupe de l’ex-Soft machine Kevin Ayers et nous parcourions sans cesse l’autoroute M1 et l’Allemagne. J’ai commencé à avoir ces crises de paniques épouvantables et je ne pouvais plus fonctionner. J’écoutais alors le morceau-titre. Je me répétais que tout allait passer.
2 THE OVALTINEYS Sing your all time favourites (c. 1950)
J’ai grandi à cette époque, ou un peu après (Oldfield est né en 1953) et j’ai toujours essayé de demander des choses sur Children’s favourites sur Light Programme (note : une station de radio de la BBC). Il y a une adorable naïveté autour de cette époque –quand les enfants étaient gentils. Probablement ma première initiation à la musique.
3 LA 5E SYMPHONIE DE BEETHOVEN Philharmonique de Berlin, Herbert von Karajan (1971)
Je devais avoir 8 ou 9 ans la première fois que j’ai entendu de la musique classique et j’ai été enthousiasmé par ce qu’un orchestre pouvait faire. Ca a beaucoup influencé Tubular Bells, pas spécialement ce morceau mais c’est le premier que j’ai entendu. Personne ne peut oublier ce «pom pom pom pom» – tellement superbe.
4 RAVI SHANKAR Portrait of a Genius (1965)
La sorte d’album que vous écoutez avec vos amis quand vous avez 14 ans et que quelque un vous a donné une cigarette curieuse. J’aime le tablâ parce que je déteste les batteries. Mais le tablâ est si délicat, vous le tapotez comme avec des ailes d’oiseaux. Superbe. Pour ce qui est du titre, c’était une époque avant qu'il y ait les critiques rock et on pouvait se le permettre.
5 KEVIN AYERS Whatevershebringwesing (1971)
J’étais assis au studio 2 à Abbey Road et personne d’autre n’arrivait, j’ai commencé à faire les overdubs tout seul. J’ai posé des bouts de percussion, de guitare rythmique, de basse, quelques solos de guitares et j’ai fait chanter les chœurs par le personnel de la cantine. Kevin est arrivé et n’était pas très impressionné, mais ils ont fini par utiliser ma version de toute façon. C’était donc le premier morceau que j’ai jamais fait par moi-même. Tout cela parce que personne n’était venu.
6 BILLY PIGG The Border Minstrel (1971)
J’ai toujours voulu jouer de la cornemuse mais il faut pour ça être un écossais costaud avec une bouche énorme. Un jour, j’ai entendu parler de ces petites cornemuses northumbriennes. J’ai passé une année complète à la fin des années 70 à apprendre à en jouer. A la fin je pouvais jouer une paire de mélodies – c’était sacrément difficile. Billy Pigg est le Jimi Hendrix des cornemuses northumbriennes.
7 CREAM Wheels of Fire (1968)
C’est fantastique la musique que ces 3 musiciens étaient capables de faire. La façon dont Eric Clapton a joué sur ces morceaux est incroyable. Je suppose qu’il s’est calmé plus tard, mais à cette époque, il jouait comme un démon. On dirait que les groupes actuels n’ont pas pu aller au bout du livre de Bert Weedon « Apprendre à jouer en un jour » . Ca semble tellement désuet d’être bon dans le monde de la musique pop.
8 TRAFFIC Traffic (1968)
Quand je faisais Tubular Bells au Manoir, Winwood habitait un peu plus loin dans la rue et il lui arrivait de venir. C’était du genre « Wow, Steve Winwood ». Je suis allé à sa maison une paire de fois. C’était ma première rencontre avec une star du rock.
9 FAURE Requiem (1962)
C’est ma troisième dépression nerveuse. Je me suis immergé dans la musique religieuse. Ca m’a gardé sain d’esprit après Tubular Bells quand les critiques m’ont attaqué. Mes parents ont essayé de m’élever en catholique mais je n’appartiens pas à une religion. Mais le monde semble quelque part divin, trop magnifique pour être un accident. De la même façon, certains aspects sont trop horribles pour que le monde soit un accident.
10 MIKE OLDFIELD Tubular Bells 2003 (2003)
Tout ce que j’ai appris de ces disques est devenu le Tubular Bells original. Il me fascine d’une certaine façon. Je voulais fouiller dedans à nouveau et trouver ce qui était si bon dedans. Je ne réflechissais pas, à cette époque, je ne faisais que jouer.